D'après une publication de Carlos Radicatti di Primeglio.

 

I) Qu'est-ce qu'un Quipu ?

Quipu signifie en Quechua "noeud" ,"nouer" et "compte" et est une sorte de registre comptable et historique dont se servaient largement les incas ; il est composé de cordelettes nouées de diverses couleurs, ces noeuds exprimant des nombres mais aussi vraisemblablement des faits, on parle alors des éléments "extra-numéraux" du Quipu.

II) Lecture numérique du Quipu.

1) Historique

Les chroniqueurs indiquent que les incas utilisaient le système de numérotatin décimale et qu'ils connaissaient la mathématique de la position : l'emplacement d'un noeud indique un "poids" tout comme nos chiffres arabes avec les colonnes (Centaines, dizaines, unités); cette mathématique était aussi connue des Hindous et des Mayas mais pas des anciens Grecs ou des Romains (le signifiant pour ces derniers donne un nombre "absolu" indépendant de la position : M=1000, C=100, L=50, ....).

Malgré les informations des chroniqueurs, la lecture des Quipus n'a été élucidée qu'en 1912 grâce à la description d'un Quipu du musée d'histoire naturelle de New-York par Locke (schéma du quipu en question ci-dessous).

Pour arriver à interprétration des noeuds de ce Quipu, Locke procéda de la même manière que Champollion pour les hiéroglyphes égyptiens: Champollion savait que les signes contenus dans un cartouche représentaient des noms de personne, Locke savait que la valeur des nombres correspondants aux noeuds était donnée par leur position le long de chacune des cordelettes pendantes. Locke note que le Quipu qu'il a examiné comprenait 3 rangées de noeuds : une rangée inférieure, qu'il interpréta, sur la base des informations données par le chroniqueur Garcilazo de La Vega, comme étant celle correspondant à l'unité ; une rangée médiane correspondant, elle, aux dizaines ; et enfin une rangée supérieure qui correspond aux centaines.

Son interprétation se confirme car il remarque de plus que dans chaque groupe de cordelettes, un les enlace tous et sa valeur correspond à la somme des autres c'est pourquoi ce lacet particulier est appelé lacet "totalisateur".

Il interpréta aussi l'absence de noeud à un niveau comme étant l'expression du "0".

2) Exemple

Schéma du Quipu B8713 dessiné par Locke en 1912.

 

 

 

Pour des raisons de lisibilité et pour mettre l'accent sur l'aspect "position", le schéma ci-dessus a été simplifié, chaque série de "100" par exemple est en réalité un noeud contenant le nombre de boucles nécessaire comme le montre le dessin ci-contre.

 

Dessin de Lock publié dans l'article "The Ancient Peruvian Knot Record" du American Anthropologist, 1912

 

 

 

 

 

 

III) Interprétation des éléments "extra-numéraux".

Ce déchiffrage se limite à son aspect numérique, tout reste encore à découvrir sur son utilisation pour l'expression des idées et des faits. Les éléments définis comme "extra-numéraux" sont les choses qui sont comptabilisées mais aussi les éléments narratifs qui accompagnent les Quipus historiques. Ici encore, les chroniqueurs ouvrent la voie pour arriver au bout du problème. Garcilazo de La Vega affirme que l'on peut connaître la signification extra-numérale des cordelettes grâce aux couleurs, certains fils sont d'une seule couleur, d'autres de deux, de trois ou plus encore .... les couleurs simples et les couleurs mélangées ont chacunes leur propre signification.

On a pu établir sur certains Quipus l'expression des ressources en armes d'un groupe, des combinaisons de couleurs semblent répertorier de manière hiérarchique les armes possédées : sur la première cordelette, les armes les plus nobles comme les lances, puis sur la seconde les dards puis les arcs, les flèches ... et ainsi de suite jusqu'aux masses, haches et frondes.

La forme prise par la cordelette suivant sa torsion lors du tissage avait aussi une signification : elle pouvait être en S (=destrogyre) ou en Z (=levogyre). Dans la première catégorie, on pense que ces cordelettes représentent des entités positives, tout ce qui est bon, droit, grand, élevé. Dans le seconde, tout ce qui est méchant, gauche, petit, bas.

On est encore très loin de la lecture des Quipus que donnaient dans l'ancien Pérou, les quipucamayoc, personnages à qui étaient confiés cet extraordinaire instrument mnémotechnique, pour le moment seules les règles numériques ont été déchiffrées mais pour le reste la clé reste à trouver afin d'élucider le mystère de cet étrange combinaison de symboles, couleurs et de positions.


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